Le 12 mars dernier, je me suis présenté au Palais de justice de Montréal pour accompagner Me Andrée-Anne Dion (BCL/LLB’17), avocate criminaliste en défense et associée à Shadley Knerr, un cabinet d’avocats boutique pratiquant le droit criminel et pénal, pour voir la vie d’une avocate criminaliste en défense. Même si ce n’était pas ma première fois au Palais de justice, j’étais particulièrement excité parce que c’était la première fois que j’allais accompagner une avocate dans sa pratique. À 9h du matin, Me Dion m’a rejoint au troisième étage et nous nous sommes dirigés vers la salle des vestiaires des avocats, un endroit où je n’étais jamais allé. En route, Me Dion m’a expliqué les diverses installations offertes aux avocats, telles qu’une salle de pause et une salle des vestiaires avec plusieurs casiers en rangée. C’était comme une école secondaire!

Me Dion a enfilé sa toge et nous étions en route vers la salle de cour. En chemin, Me Dion a reçu un appel imprévu de son bureau lui informant qu’un de ses clients s’était fait contacter pour une entrevue avec la police. Après avoir reçu l’appel, nous nous sommes installés dans une salle d’entrevue située à côté de l’entrée de la salle de cour et Me Dion a appelé la détective en charge du dossier de son client pour clarifier la situation. Elle a ensuite appelé son client pour lui informer des demandes de la police et lui donner ses conseils face à la situation. Tout au long de la conversation, Me Dion s’est entretenue avec son client avec beaucoup d’empathie et de respect. Elle a répété ses conseils à son client tout en prenant le temps d’écouter ses enjeux et ses pensées, ce qui m’a permis de voir la nature très humaine de la pratique du droit criminel. Lorsque j’écoutais Me Dion en train de parler avec son client, j’avais l’impression que l’appel était très naturel et qu’il n’y avait pas une relation de subordination avocate-client puisque Me Dion recommandait des démarches mais le choix final était celui du client. J’ai beaucoup apprécié voir ce côté du droit qui me paraissait informel mais efficace et nécessaire. Me Dion était patiente et à l’écoute de son client en lui laissant décider quoi faire avec sa situation.

Par la suite, Me Dion a eu à faire une rencontre pour un autre dossier et j’ai pris le temps d’assister à un dossier de violence conjugale avant d’assister au pro forma de Me Dion où elle a adressé la cour pendant à peine une minute pour fixer une date d’audience. Normalement, Me Dion aurait adressé le tribunal via Teams pour éviter de faire le trajet à la cour mais elle s’est déplacée ce jour-là pour m’accompagner au Palais de justice, et j’en suis très reconnaissant.

Nous avons terminé notre journée au Café Vienne, la cafétéria du Palais de justice, où nous avons pu nous asseoir le temps d’un café pour discuter de la pratique de Me Dion. Durant notre discussion, j’ai pu demander à Me Dion plusieurs questions sur sa pratique de droit criminel et j’ai pu découvrir les enjeux et certains défis auxquels font faces les avocats en droit criminel. Par exemple, un des enjeux qui m’a le plus suscité de réflexions est que la pratique du droit, même lorsque la clientèle servie est plus défavorisée comme en droit criminel, demeure une activité économique. Les avocats de la défense doivent charger des honoraires à leurs clients pour subvenir à leurs propres besoins et ne peuvent pas se permettre d’offrir leurs services de défense à titre gratuit pour les accusés même s’ils sont plus démunis que d’autres, à moins à travers un mandat d’aide juridique. L’enjeu « éthique » de devoir charger les clients qui sont à risque de graves conséquences comme l’emprisonnement devient alors illusoire en considérant la pratique du droit comme un véritable activité économique permettant aux avocats de se permettre une vie. J’ai aussi pu parler avec Me Dion de son rôle en tant que Vice-présidente du Jeune Barreau de Montréal, une organisation regroupant tous les avocats de moins de 10 ans de barreau de la région de Montréal. Me Dion m’a parlé de l’importance d’avoir un sentiment d’appartenance entre les jeunes avocats en créant des événements et des initiatives de regroupement où ils peuvent se rejoindre pour discuter de leurs pratiques et des enjeux en commun.

Ma journée dans les pas de Me Dion m’a permis de découvrir la réalité de la journée d’une avocate de la défense au Palais de justice de Montréal. La réalité est loin de la fiction montrant les avocats toujours en salle de cour en train de plaider dans un procès. Plusieurs tâches connexes, telles que parler aux clients au téléphone et la préparation au bureau, forment le quotidien d’une avocate criminaliste. À travers mon expérience, j’ai pu remarquer la nature humaine de la pratique du droit criminel touchant directement les personnes impliquées. Les choix auxquels les clients de Me Dion font face ont un impact direct sur leurs vies, et prendre la meilleure décision requiert le support d’une avocate exceptionnelle comme Me Dion. Je remercie sincèrement Me Andrée-Anne Dion d’avoir pris le temps de m’accompagner dans sa journée et d’avoir expliqué sa pratique du droit criminel avec moi. Je remercie également le CDO et la Faculté de droit de l’Université McGill d’avoir organisé cette belle initiative permettant aux étudiants en droit de voir la réalité de la pratique du droit. Merci de votre support envers la relève juridique!